J’avais 40 ans lorsque la neuropsychologue m’a diagnostiqué un TDAH. Lorsqu’elle a ajouté « Mme Forest, vous auriez pu faire médecine », je me suis mise à pleurer. Toute ma vie, j’ai cru que quelque chose n’allait pas avec moi.

Je me sentais différente de mes pairs, mais je ne comprenais pas pourquoi. J’égarais mes devoirs, j’oubliais mon matériel à la maison, je manquais l’autobus deux ou trois fois par semaine. À l’école, nous faisions le ménage de notre pupitre le vendredi, et le lundi en fin d’avant-midi, ça ne paraissait déjà plus. Je parlais quand ce n’était pas mon tour, sans lever la main. Parfois, je faisais des commentaires impulsifs que je regrettais aussitôt. Je me faisais souvent reprocher de commencer plein de projets et de ne « jamais rien finir ». C’est vrai que je me désintéressais rapidement de mes projets, surtout lorsque j’avais l’impression de n’avoir plus de défis à relever. Tu devines certainement que mon estime de moi-même était sous mes talons. Heureusement, j’aimais étudier et je réussissais bien. J’ai pu apprendre un métier et gagner ma vie.

Puis, à l’âge adulte, au travail comme dans ma vie personnelle, je passais beaucoup de temps à essayer de m’organiser, de me trouver des trucs pour être « meilleure », et même si je faisais encore plus d’effort, même si j’étais une bombe d’énergie, je n’étais jamais satisfaite de moi-même.

Puis, après ma rencontre « choc » avec la neuropsychologue, j’ai commencé à me voir autrement. Je suis créative, énergique, ouverte d’esprit, audacieuse, empathique, généreuse, flexible, je m’adapte facilement à différentes situations et je peux me retourner sur un
« dix cents ». Je suis qui je suis et fière de l’être.

J’ai eu 9 enfants, et ce n’est pas parce que j’ai oublié de prendre ma pilule (hi! hi!). J’ai choisi d’avoir une grande famille. Ils sont tous adultes maintenant et ils m’ont faite mamie. De mes 9 enfants, au moins 3 d’entre eux ont un TDAH (diagnostiqué). Je les ai accompagnés au quotidien pendant de nombreuses années. J’ai fait des recherches pour comprendre et les aider le mieux possible.

Tout ça a commencé lorsque l’enseignante de troisième année d’un de mes fils m’a interpellée au sujet des difficultés qu’il éprouvait en classe. Il était dans une classe multiniveau (3e et 4e année) et le nombre d’élèves, le bruit, les sources de distraction multiples, et le prof de l’autre niveau qui donnait des explications à ses élèves pendant que lui essayait de travailler, c’était trop pour lui. C’est comme s’il avait perdu une année scolaire complète.

J’ai décidé de consulter une neuropsychologue qui lui a diagnostiqué un TDAH. À la suite de ce diagnostic, j’ai suivi une formation pour me procurer des outils afin de l’accompagner le mieux possible dans son cheminement scolaire. 

Ayant appris au cours de cette formation que le TDAH peut être héréditaire, j’ai moi aussi consulté la neuropsychologue, avec le résultat mentionné plus haut. Ce fut le début d’une grande aventure. J’ai lu, je me suis informée, j’ai consulté et j’ai étudié au sujet du TDAH.

Certains de mes enfants ont été diagnostiqués et d’autres non, mais j’ai pu les aider et les encadrer dans leurs études et leurs projets. Ils ont été mes premiers « clients ». Chaque jour, ils deviennent de plus en plus eux-mêmes, avec leur créativité et leur appétit de la vie et je suis très fière d’eux.